Film documentaire

La complexité d’un genre qui serait « mal défini » ne doit en effet pas être perçue comme le principe de sa remise en cause mais à l’inverse comme celui de sa réinvention permanente. Car le documentaire est avant tout un déplacement, un mouvement vers le monde toujours à recommencer. En cela il est aussi un champ d’exercice. « Le documentaire est un cinéma de la surprise, du doute, de la remise en question, de la fissure, de l’irrégularité, de la tentative, de l’imprévu »…

Refuser ou plutôt dépasser les frontières de genre, jouer avec elles, à l’image… Comment le documentaire se fait-il politique à partir du moment où il brouille les frontières de ce qui le définit ? Comment le métissage des formes sollicite-t-il et engage-t-il la conscience politique du spectateur ? Cette multiplicité d’approches et d’univers, révélatrice du foisonnement du cinéma documentaire actuel, exige aussi de convoquer celles et ceux qui pensent les images du monde et éclairent la politique des formes de visibilité.

La question essentielle de la distanciation qui interroge la place du filmeur et sur sa subjectivité. Elle résonne avec d’autant plus de force sur l’enfermement de la société de surveillance. Elle fait écho à la pensée de l’art et les capacités multiples du cinéma documentaire à « émanciper » le spectateur.

Inventer sa propre forme : voilà l’une des principales caractéristiques revendiquées par les objets documentaires. Une manière de penser le documentaire comme un art libéré de tous les invariants, tout entier destiné à renouveler le regard sur des propositions documentaires qui portent en elles autant d’idées du cinéma du réel.

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